Née au Brésil en 1986, elle a publié Jardinier chez Gallimard et aux éditions Corlevour Le mélange de l’eau et C’est pourquoi les jeunes filles t’aiment, pour lequel a été créée la mention « découverte » du prestigieux prix Apollinaire.
Elle vit aujourd’hui en Bretagne et donne des lectures dans des festivals de poésie dans le monde entier.
Pays : France
POEMES
©Ariel Spiegler
Tu vas rêver à la fenêtre
Vivent les toits de Paris sous la pluie
Et les pigeons ?
Mauve à leur cou, gris de la taule
Le fer forgé en arabesques
Amie, les nuages avant Noël
Avant le soir
Je me souviens de ta chambre au septième étage
De ce café soluble au goût fumé
De la petite lampe sur la table
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C’est une habitude verte ou grise ou mauve
Et le roucoulement les pigeons
Pèsent le même poids qu’une poignée de porte
L’escalier, des noms sur les boîtes aux lettres,
Couleurs au cou comme des noms de voisins
Violette, mauve, goudron,
Et le trottoir du gris
Porte qui grince, multiples détails
On les voit à travers un rideau de pesanteur
Ou c’est une robe de mai
Plus fraîche qu’une eau de lavande
Ou encore il fait tout noir
Et on se dit sans timbre devant les pigeons
Voici seulement l’orée d’une lecture inutile
Mais on aimait
On aimait d’amour et sans le savoir
Ces familiarités de l’escalier qui craque
Et leur grisaille dans les arbres
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Ils roucoulaient encore
Le détective est rentré chez lui
Dans les rues de Paris il pensait à la vie
En longeant les quais avec son chapeau mou
Bien sûr il a bu du whisky
Oui pour le faible éclairage, oui pour un cigare
Un bar aux fauteuils mous
Oui pour le miaulement des chats
Au moment d’ouvrir sa porte et son temps libre
Mais sans les pigeons au pas du retour
Sans eux au printemps le matin
Il resterait une lacune de gris
Un gris partout qui attendrait suspendu
Une absence qui serait si simple
Un peu de sale
À peine un froissement