Benjamin Guérin

Poète et directeur artistique du festival des Sources Poétiques.

Auteur de plusieurs livres de poésie, son écriture est portée par une approche existentielle et une sensibilité environnementale.

Il habite en lisière de forêt car il aime explorer les confins, ceux du monde comme ceux de l’existence, écrivant sur le voyage, sur la fin de vie et sur les expériences psychédéliques, qu’il étudie avec des médecins à Harvard, aux Etats-Unis.

Son dernier livre, Quand nous étions des loups (éditions Corlevour), part d’un fait vécu : une attaque de loups, à partir de laquelle il déploie un univers poétique à l’approche du sauvage.

Pays : France

EN LIVRES

  • Quand nous étions des loups (dessins de Robert Lobet, éd. Corlevour), 2024
  • Exister (dessins de Robert Lobet, éd. Margeride), 2021
  • Chants du voyageur (dessins de J.-G. Badaire, éd. Corlevour), 2019
  • Le rossignol de l’Oronte (éd. Papiers Coupés), 2018
  • Métropole oubliée (éd. Lucie), 2016
  • en philosophie : Accompagner la détresse existentielle (dir., Presses Universitaires de Franche-Comté), 2025

EN REVUES

  • La forge, Arpa, Phoenix, Europe, Les hommes sans épaules, Nunc, revue Geopoetique internationale, Gutter Magazine

EXTRAIT

BABEL

Qu’est-ce que Babel ?  t’en souviens-tu mon ami ?

Nous étions frères de sang sans saignées

armée sans chef, le même rêve au corps, 

la même couleur, même étendard 

– Vraiment ?

Nous goûtions à la même jarre

la peau et la lèvre de la terre

pour qu’encore coule le vin

En ce temps là nous étions frères

– Oui, en ce temps là nous étions frères.

Nous tirions les vaches par la queue

et notre langue savait la chaude rondeur du sein

– Gigantesque !

Nous préférions courir à en oublier de marcher

en ce temps-là nous étions frères

– Oui, je m’en souviens. 

Des larmes plein les mains

et des graviers dans les poches

nous terrassions les Cerbères

au diable les lois et les hommes

nous étions libres à jamais 

contant l’amour à la folie

ne craignant pas, à deux, d’être attrapés.

Rappelle-toi 

quand le temps se faisait lourd et que l’ennui nous gagnait

nous montions sur la colline voir les travaux avancer.

du labeur des hommes je n’ai rien retenu. 

quelques vis écrasées…

– « Babel s’est écroulée ! »

Chants du voyageur, Corlevour, 2019.